Éléments biographiques sur Marguerite Gagneur

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Syamour par Colas Pour en savoir plus, lire la biographie publiée en janvier 2005 sur Syamour, cliquez ici 

"Sapho endormie", Musée de Cambrai

Une présentation de ses oeuvres

" Les poètes, les artistes ont toujours eu des inspiratrices qui, pour eux, incarnent sous les traits périssables de femmes, l’éternité de la Beauté et de l’Amour. Rôle merveilleux, quelquefois ignoré des égéries ne se doutant pas que leur nom et leur visage passeront à la postérité et deviendront aussi immortels que ceux des hommes de génie à qui elles ont servi de muses et de modèles. Sans le tardif amour de Goya pour la licencieuse duchesse d’Albe, le trésor artistique de l’Espagne aurait été privé de ses plus beaux joyaux. Sans la chaste et mystérieuse Mona Lisa, Léonard de Vinci ne nous aurait pas laissé ce pur chef-d’œuvre de la Joconde à l’énigmatique sourire…

Mais les femmes n’ont pas voulu rester de simples " incarnations " passives, et, si depuis la plus haute antiquité, la sensibilité de l’esprit féminin s’est exprimé en des œuvres poétiques qui sont parvenues jusqu’à nous, il est relativement récent que leur pensée créatrice ait choisi les arts picturaux pour s’extérioriser, et que la célébrité, la gloire, soient venues récompenser leurs efforts.

Bien des talents féminins ont égalé et dépassé celui de leurs confrères. En écrivant cela, je pense à vous, Marguerite Syamour - Gagneur, qui au prix d’un sacrifice unique en son genre, avez refusé, dans une certaine circonstance, la place qui vous revenait pour la laisser à votre maître.

Je veux parler, après tant d’autres, de cette trop grande et trop modeste artiste dont le merveilleux talent de sculpteur reflète la noblesse d’âme, sa bonté inaltérable. Son inspiration souvent mystique puise aux sources même de l’idéal et de la pureté, au point que quelqu’un eut cette boutade : " Lorsqu’on demande une bacchante à Syamour, elle nous fait une vierge ! ".

Extrait de l’article de Yvonne Kahn " Chez la statuaire Marguerite Syamour - Gagneur ", dans la Revue Minerva du 1er août 1937 

 

Sa carrière de sculpteure :

Son maître sculpteur : Antonin Mercié (1845-1916) la forme à la sculpture à la demande de son ami Paul Milliet (1849 - ?), fouriériste comme lui ; il l’intègre dans le groupe des " Toulousains " dont le chef de file est Alexandre Falguières (1831 – 1900). A ses début, Marguerite Gagneur bénéficie aussi des conseils de Seysses (1862 – 1946).

Elle a développé le goût du modelé sensuel et du mouvement par le rendu du drapé. Elle réussit notamment dans le traitement du plissé (comme dans " la méditation " où elle travaille la superposition des étoffes, du voile diaphane, elle rend tangible cet instant de réflexion par l’attitude du corps).

Ses premières réalisations sont des œuvres figurant la république et des médaillons représentant des amis ou personnalités, avec une influence de David d’Angers (1788 – 1856) dont Jules Grévy, son parrain possède le catalogue. Cette tradition de l’allégorie utilisée pour glorifier la République est d’origine gréco-latine. Elle choisit souvent entre ses propres traits ou l’expression austère avec la couronne de végétaux et le bonnet phrygien pour les œuvres républicaines qu’elle réalise.

La carrière de Syamour a commencé en 1885. Elle expose au SAF (Salon des artistes français) entre 1885 et 1912. Elle expose également au Salon des Champs Elysées, à la Galerie Georges Petit et à l’Exposition universelle de 1900.

Syamour vit avec sa mère à partir de 1890 au 6, rue du Val de Grâce à Paris, près du jardin du Luxembourg, dans l’ancien hôtel de Mademoiselle de Lavallière. Elle installe un atelier de sculpture rue d’Assas (anciennement rue de l’Ouest) à Paris. Elle aura pour voisin Alfons Mucha (1860 – 1939), peintre et dessinateur affichiste, créateur de l’Art nouveau.

Alfons Mucha qui avait son atelier à proximité de l’appartement de Syamour entre 1898 et 1902 le gardera encore, malgré ses séjours aux USA ou en Moravie. Il fera de Syamour une lithographie, " Primevère ", 1899, collection particulière. De même, d’autres œuvres de Mucha ont probablement Syamour pour modèle (petite bosse sur son nez, menton rebondi et son regard que l’on peut comparer grâce à Charles Tranquille Colas qui fera d’elle un buste en terre cuite, 1886, collection particulière) : Vitrail (1900), Le lierre (estampe, 1901), La dame à la marguerite (même si la marguerite est l’emblème de la Moravie, pays natal de Mucha).

Ensemble, ils vont partager la philosophie du spiritisme, dont la solidarité et le pacifisme. Le terme de spiritisme désigne une philosophie, un système qui admet " un dieu distinct du monde, une âme distincte du corps " ; cette philosophie comprend la pratique de l’hypnotisme et du spiritisme étudié notamment par Jules Bois (1871 - ?) et le colonel de Rochas (1837 – 1914) dont elle fera les bustes.

Un dossier sur elle se trouve au Musée d’Orsay, spécialisé sur cette période.

Ses maîtres de l’Ecole de Toulouse ont beaucoup appris en Italie. Auprès de Michel-Ange, certains, comme Falguières et Mercié, ont découvert le secret de l'expression des sentiments, de l'émotion, secret " qui se cache dans l'organisation des plans et l'aspect de la matière. "

Tout comme Rodin. Ce dernier, grâce à Falguières et sur la demande de son ami sculpteur, Alfred Boucher, aura une première commande publique (L’Age d’Airain) et sera très ami avec les sculpteurs de l’école de Toulouse. Rodin dira plus tard : "Ma libération de l'académisme a été par Michel-Ange qui m'ayant appris des règles diamétralement opposées à ce que l'on m'avait appris à l'école... "

 

Entrée de la maison natale à Bréry statue créé par Syamour sur maison à Brery
Maison natale à Bréry Syamour, dans Le Monde illustré
Lettre d'acquisition par l'État de l'œuvre de "Sapho endormie" qui se trouve actuellement au Musée de Cambrai

Lettre de Syamour à la Manufacture de Sèvres à propos de sa "Dame au Camélia" en 1920.
jardin de la maison de Poupin avec ses initiales
Amilcar Cipriani, l'ami de Syamour, qui reproduisit sa geôle dans les jardins de Victor Poupin (encore visible actuellement à Chatelneuf - Jura )

Marguerite Durand, amie de la famille

 

 Marianne par Syamour
Annette, une descendante de la famille Gagneur (petite nièce de Marguerite)

Une seconde Marianne à La Souteraine, dans  le pays sostranien (Creuse, Limousin, France du sud ouest).

Lieu : salle de l'hôtel de ville

Photographie de Hélène.Bessuges.

 

 

Trois femmes au destin surprenant :

Marie-Louise Martin , née le 8 Avril 1809 épouse MIGNEROT . , dite "Césarine", la grand mère de Syamour, fervente fouriériste ;

Marie-Louise MIGNEROT, née le 25 Mai 1832 , épouse GAGNEUR, écrivaine féministe et laïque, la mère de Syamour ;

Et Marie-Louise , Henriette, Marguerite GAGNEUR, dite Syamour, sculpteure,  née le 10 Août 1857, épouse de Monsieur GEGOUT, dont elle divorce le 7.mars1887, et en seconde noce épouse le docteur Jean FRECHOUT, médecin à Salins. Le 21 Mai 1945, elle s’éteint au 5, rue Pierre Guérin à Paris.

Une généalogie de la famille de Syamour

 

 

 

Famille

Son père :
Wladimir Gagneur
Wladimir Gagneur, né à Poligny (Jura) en 1829, mort le 09-08-1889
Fils de François-Marie Gagneur, notable polinois fortement enrichi par l'acquisition de biens nationaux, devenu député et conseiller général sous la Restauration, et de Charlotte de Patornay, Wladimir Gagneur, élève au collège de Poligny où il fut un temps le condisciple de Jules Grévy, a étudié le droit et l'économie politique à Paris. C'est au cours de ce séjour qu'il est mis en relation par son frère aîné Frédéric, polytechnicien, avec Victor Considérant qui le convertit à la doctrine de Fourier dont il devint l'un des propagandistes dans le Jura. Se sentant mal assuré comme orateur, il préfère renoncer au métier d'avocat. Ayant hérité d'un domaine à Bréry non loin de Poligny, il s'y installe et se consacre à la propagation des idées fouriéristes par une activité de publiciste, multipliant les articles dans la presse locale (L'Impartial de Besançon, La Sentinelle du Jura, Le Courrier de l'Ain...), articles repris ensuite la plupart du temps dans l'organe du mouvement sociétaire La Phalange. Il participe en 1839 avec les fouriéristes Javel, Derriey, Reverchon à la création à Arbois de L'Écho du Jura, « Journal littéraire, anecdotique, industriel et agricole ». Il cherche à concrétiser la doctrine sociétaire en militant pour le développement de la coopération au profit du monde agricole : organisation de fruitières, principes d'un crédit coopératif... Il s'intéresse aussi au progrès technique et signe des articles sur des sujets divers : problèmes forestiers, questions ferroviaires, perspectives futuristes d'enregistrement du son...
Membre de la loge de Dole "Le Val d'Amour, fortement engagé dans le mouvement républicain en 1848, il prend la tête, lors du coup d'Etat de décembre 1851, d'une insurrection à Poligny, le groupe des insurgés se dirigeant ensuite vers Lons avant de se faire arrêter en chemin par la troupe. Gagneur est condamné en première instance à 10 ans de bagne, mais bénéficiera d'un arrangement de peine, en raison de son état de santé ainsi que de son statut de notable et de l'engagement de ses frères dans le parti de l'ordre : il ne sera contraint qu'à un exil en Belgique.
De retour en France, il épouse à Paris en octobre 1855 la jeune Marie Louise Mignerot, fille de Claude Corneille Mignerot et de Césarine Martin, que Gagneur avait acquis 20 ans plus tôt au fouriérisme et qui avaient participé avec leur fille à l'aventure phalanstérienne de Cîteaux. Gagneur et Mignerot avaient été admis ensemble à la Société d'émulation en 1838. Le nouveau couple s'installe à Bréry d'où Gagneur poursuit son activité de publiciste, tandis que son épouse entame avec succès, sous le nom de Marie-Louise Gagneur, une carrière de feuilletoniste, affichant dans ses romans ses convictions féministes et anti-cléricales. Le couple donne naissance en 1857 à une fille Marguerite, connue plus tard comme sculpteure sous le nom de Syamour.
Gagneur est élu en 1869 député du Jura, réélu en 1873 et sans interruption jusqu'à sa mort en 1889. Résidant désormais à Paris, le couple s'intègre dans les milieux intellectuels de gauche de la capitale et participe ou apporte son appui à diverses initiatives, comme par exemple la fondation avec Poupin des éditions de la Bibliothèque Démocratique, la création d'une oeuvre laïque d'adoption, la ligue permanente internationale de la paix, dont Gagneur siègera au conseil fédéral européen à Bruxelles, le mouvement anti-colonialiste...
Franc-maçon à la loge "Le Val d'Amour".
Wladimir Gagneur est décédé le 9 août 1889 en son domicile parisien, rue Louis le Grand, et a été incinéré au Père Lachaise selon le droit nouvellement acquis en 1887 et pour lequel il avait milité avec son épouse.

Mère :
Marie-Louise Gagneur née Mignerot
Fille de Césarine Martin, militante et disciple fidèle de Charles Fourier, fondatrice en 1871 du Cercle parisien des Familles (familistère) et de Claude Corneille Mignerot (1798-1884), notaire à Bletterans, négociant en vins champagnisés puis rentier, Marie-Louise Mignerot, après avoir participé avec ses parents à l'aventure éphémère du phalanstère de Cîteaux, est élevée au couvent, où elle reçut une éducation très cléricale dont les idées étroites la révoltèrent.

À l’âge de dix-huit ans, elle écrit un essai sur les associations ouvrières qui lui vaut l'intérêt du député Wladimir Gagneur, qui deviendra son époux, en 1855.

Elle signe des essais, des nouvelles et des romans, parmi lesquels Une expiation (1859), La Croisade noire (1864), Le Roman d’un prêtre (1882), Le Crime de l’Abbé Maufrac (1882). Auteure à succès en son temps avec une publication de ses romans en feuilleton puis en livres, avec de nombreuses rééditions (27 pour la Croisade noire), elle a publié plus de 20 romans. Son œuvre reflète son anti-cléricalisme, un engagement politique en faveur du pacifisme, notamment au moment de la guerre franco-allemande de 1870, et d'une république sociale.

Elle entre en 1864 à la Société des gens de lettres et interpelle l’Académie française en 1891 sur la féminisation des noms de métier. Elle devient chevalière de la légion d'honneur par décret du 21 février 1901.

Aussi connue sous le pseudonyme de « Duchesse Lauriane », elle est la mère de la sculptrice Marguerite Gagneur, dite Syamour. Morte à Paris, ses cendres y reposent au colombarium du cimetière du Père-Lachaise
Ecrivain, noveliste féministe et laîque, à l'âge de dix-huit ans, elle écrit un essai sur les associations ouvrières qui attire l'attention de Vladimir Gagneur, un député de la Chambre, qui la demande en mariage et l'épouse. Auteur de romans et de nouvelles, on lui doit: Un socialiste, La lutte contre la tendance catholique, Une échéance (1859), La noire croisade (1865), L'histoire d'un prêtre (1882), Le crime de l'Abbé Maufrac (1882).

Elle signe des essais, des nouvelles et des romans, parmi lesquels Une expiation (1859), La Croisade noire (1864), Le Roman d’un prêtre (1882), Le Crime de l’Abbé Maufrac (1882). Auteure à succès en son temps avec une publication de ses romans en feuilleton puis en livres, avec de nombreuses rééditions (27 pour la Croisade noire), elle a publié plus de 20 romans. Son œuvre reflète son anti-cléricalisme, un engagement politique en faveur du pacifisme, notamment au moment de la guerre franco-allemande de 1870, et d'une république sociale.

Elle entre en 1864 à la Société des gens de lettres et interpelle l’Académie française en 1891 sur la féminisation des noms de métier. Elle devient chevalière de la légion d'honneur par décret du 21 février 1901.

Aussi connue sous le pseudonyme de « Duchesse Lauriane », s'est éteinte en 1902 à Paris, sa dépouille mortelle fut crématisée et repose dans le columbarium du Père-Lachaise.

Ses livres :
Une femme hors ligne, Paris, Édouard Dentu, 1862, in-18, 284 p.
Un drame électoral, Paris, Édouard Dentu, 1863, in-18, 268 p. disponible [archive] sur Gallica
La Croisade noire : roman contemporain, Paris, A. Faure, 1865, in-18, 583 p. disponible [archive] sur Gallica
Le Calvaire des femmes, Paris, A. Faure, 1867, 1 vol. 355 p. disponible [archive] sur Gallica
Les Réprouvées, suite et fin du Calvaire des femmes, Paris, A. Faure, 1867, in-18, 372 p. disponible [archive] sur Gallica
Les Forçats du mariage, Paris, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1870, in-18, 414 p. disponible [archive] sur Gallica
Jean Caboche à ses amis les paysans, Paris, A. Le Chevalier, 1871 36 p.
Le Divorce, Paris, A. Sagnier, 1872, in-16, 191 p.
Mésaventure électorale de M. le Bon de Pirouëtt, pour faire suite à Jean Caboche, Paris, A. Le Chevalier, 1872, in-18, 36 p.
Chair à canon, Paris, Édouard Dentu, 1872, in-18, 535 p.
La Part du feu. Les Terreurs du bourgeois Prudence et de son ami Furibus, Paris, Sagnier, 1873, in-18, 36 p.
La Politique au village, Paris, Librairie de la bibliothèque démocratique, 1874, 1 vol. 190 p. disponible [archive] sur Gallica
Les Crimes de l’amour, Paris, Édouard Dentu, 1874, in-18, 385 p. disponible [archive] sur Gallica
Les Droits du mari, Paris, Édouard Dentu, 1876, 398 p. disponible [archive] sur Gallica
Le Roman d’un prêtre, Paris, impr. de Debans, 1876, gr. in-fol.
Les Vierges russes, Paris, Édouard Dentu, 1880, in-18, xi-524 p. disponible [archive] sur Gallica
Un chevalier de sacristie, Paris, Édouard Dentu, 1881, in-18, 510 p.
Le Crime de l’abbé Maufrac, suite et fin de le Roman d’un prêtre, Paris, Édouard Dentu, 1882, in-18, 392 p.
La Fournaise, Paris, Édouard Dentu, 1885, in-18, 488 p.
Duchesse Laurianne. Pour être aimée. Conseils d’une coquette. Secrets féminins, Paris, Édouard Dentu, 1886, in-18, 324 p.
Le Supplice de l’amant, Paris, Édouard Dentu, 1888, 468 p. disponible [archive] sur Gallica
Une dévote fin de siècle, Paris, Édouard Dentu, 1891, in-18, viii-327 p.
Bréviaire de la femme élégante : l’éternelle séduction, Paris, Édouard Dentu, 1893, 1 vol. x-363 p.
Le Désarmement et la question sociale, Paris, Dentu, 1899, in-8°, 29 p.
Le Droit au bonheur. Charles Fourier, d’après Zola et Jaurès, Paris, Édouard Dentu, 1901, in-8°, 48 p.