D'une rive à l'autre
Recueil de poésies
co-écrites avec Florence Murphy, une poétesse de Franche Comté (France)
Éditions Fondation littéraire Fleur de Lys, 2005 ISBN : 2 - 89612 - 139 - 0 Prix : 19 € ou 25 dollars canadiens
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Extraits :
Divine comédie dans l'hémisphère nord
(co-écriture)
Enfer d'enfance La peur au ventre, mon enfance était un trou béant Où j'aimais me cacher au plus profond. Dans les dédales de sculptures où nains et géants Se confondaient, je contais mes histoires, dans le fond. Et cela, jusqu'au jour, à la nuit, où je pus voir les étoiles. Enfer d'adolescence Mon adolescence fut un long tunnel blême, Où je vécus à côté de moi-même. Des monstres m'y pourchassaient sans répit, Des fantômes m'y hantaient, la nuit. Et cela, jusqu'au jour, où, au bout, je pus voir les étoiles. Purgatoire et tremblements Virgile guida vers la raison humaine l'homme de la Divine comédie. Une femme me guida vers moi-même. Et quand bien même, je l'aurai aimé, elle me laissa à moi-même. Il en fut ainsi, d'abord en d'obscures rencontres, au démon de midi. Je cherchais inlassablement comment me donner aux étoiles. Purgatoire et langues étrangères Les phares guident les bateaux aux rivages, Un homme fut ma bouée de sauvetage. En me faisant traverser la Manche, Il me fit aller d'une rive à l'autre. J'appris que "stars", en Anglais, s'adresse aux étoiles. Paradis humains Me voici apaisé ; je fais confiance en l'amour, Celui de ma bien aimée, celui de mes enfants. Il me reste encore à étonner et être étonné, chaque jour Que la vie me donne et ce sentiment Est divin car c'est aller toujours vers tant d'étoiles. Paradis de femme Me voici femme; je me suis découverte, L'île, hier encore, aride, est devenue verte. J'ai recouvré ma confiance en la vie, Ce qu'elle m'apprend; ce qu'elle m'a pris. Et chaque jour, je me donne aux étoiles.
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Lettres oubliées entre Camille Claudel et
Auguste Rodin (co-écriture)
Quelle atroce folie ces jours sans toi ! Quelle douleur de ne plus sentir tes mains Sculptant mon corps d'airain ! Je ne sais si je pourrai encore créer sans toi… Mon aimé, que le temps semble long, Loin de vos étreintes nues. Tout est fade, sans raison, Quand mon corps n'est, par vos mains, parcouru. Ma féroce amie, ma bien aimée, Je suis à genoux devant ton beau corps que j'étreins Mais je sais que c'est folie à cause de ma femme, aussi aimée. Cette folie que je sens venir est ton œuvre et je t'aime en vain Oh cruel, pourquoi faut-il que tu me parles d'elle ? Pourquoi ne peux-tu faire un choix, et pourquoi faut-il Que ce soit moi qui souffre, dans ce vain duel ? Cette lutte me mènera, je le sais, lentement à l'asile. Je souffre tout autant et nos cœurs trop penchés Tel dans la valse, sombrent. Où Sommes-nous, malfaisante divinité ? La vague risque de nous engloutir ; fuyons alors… Mais où ? Mon tendre et fatal poison. A quoi bon cette fuite. Que vous me proposez ? La folie, qui nous guette, pourrions-nous, vraiment, y échapper ? Nous cacher point ne nous sauverait. Notre création, plus que nous, souffrirait Laisse moi alors m'approcher, baiser tes mains Qui me donnent tant de jouissance, toi plus forte que l'airain Et si mon âme est déflorée par cette passion tardive, Je prendrai cette part de ciel avec toi, ma rétive. Mon doux ogre. Que perfide est la passion Qui me dévore et qui brûle mon être en errance. Loin de vous, rien n'a de sens, Près de vous, je perds la raison.
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Gainsbourg et sa Lolita (co-écriture)
Eh toi, le vieux renard, ne reste pas au bar ! Viens danser avec moi sur cette mélodie, Viens tanguer dans mes bras, les bras de Mélody. Laisse ton verre, viens ! Allez, quoi, Gainsbar ! Si tu m'aimes, moi non plus. C'est fou 1 Mes souvenirs de Nabokov remontent à fleur de ma peau. Tant de chemins parcourus… De lui à nous. Débarrassons-nous de la retenue et de ses oripeaux ! Je ne suis pas Charlotte, au goût acidulé, Moi, je suis le sucre que tu peux lécher Et laisser couler, lentement, dans ta gorge gourmande, Tandis que, encore et encore, sur le beat, j'en redemande. Ma lady, ma Lolita, serai-je ton désir ultime ? Fredonnant à ton oreille ce que tu n'oses pas toujours écouter. Et caressant tes rêves et bien d'autres lieux intimes. Seras-tu aussi effrontée ? Mon vieux renard au cœur tendre, mon complice de moments délicieux, Tu caches ta nature sensible derrière un air de provocation et de vices. Mais moi, petite fille, je te connais et vois de toi plus que tu ne le veux, Quand nous buvons tout notre soûl au calice de l'érotisme. Oui, je le sais et pourtant je préfère l'oublier. J'aime en toi l'ange, la douceur rose et le démon, Le mordant de tes mots, même si le sablier Ne cesse d'égrener le temps et l'amour fiction. Gainsbar, mon amant, mon grand frère, mon image de père, Viens dans les bras de la jolie Lolita, ta petite muse mutine. Oublie, pour un instant, mon âge qui te désespère, Allez, sois mon Clyde ; laisse moi t'entraîner, le temps d'une biguine.
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Sexe, silence, suintement et solitude
Sexe, silence, suintement et solitude Ont la même première lettre. De ces mots, J’entame mes écritudes. A défaut de lui dire ces maux.
Alors je revois ces images dans la pénombre De ma chambre. Des images que depuis j’ai enfouies Au plus profond de moi, qui restent dans l’ombre. Mais dont les effluves s’incrustent à vie.
Si je reviens dans ma chambre, que vais-je retrouver ? Ton ombre qui s’approche, Moi qui fuis au fond de mon lit, terrorisé ? L’écrire, tu me le reproches.
Et pourtant, c’est de cela qu’il s’agit Quand à la première personne, J’écris Ce roman et que tu frissonnes.
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